Vous trouverez ici la remarquable analyse de Noëlle Peoc’h, candidate du Front de Gauche aux législatives à Carhaix-Crozon-Chateaulin, sur les problèmes de l’ADMR.
ADMR: Tenter d’y voir plus clair…
L’ADMR 29 – Finistère.
L’ADMR gère au quotidien le suivi “aide à domicile” de milliers de personnes âgées ou handicapées en situation de perte d’autonomie .
En voici , l’organisation :
– Des délégués issus de la base (+ ou – bien indemnisés pour ne pas dire «rémunérés») dirigent la Fédération qui emploie 115 salariés. – La «Base» est composée de 91 Associations Locales sur le Finistère : environ 3.500 salariés et de nombreux bénévoles qui oeuvrent auprès des personnes aidées.
– Des centaines de bénévoles locaux.
– Environ 28.000 personnes aidées (personnes âgées, handicapées…)
L’ADMR 29 est une Fédération , une structure déclarée comme associative, qui chapeaute des associations locales sur l’ensemble du territoire du Finistère dans des conditions variables d’exercice de la mission d’aide à domicile.
Il en résulte : Une diversité de situation d’organisation et de personnel. Ainsi, les personnels des plus petites associations n’ont eu accès à une meilleure qualification et à de meilleures conditions contractuelles que récemment.
Le nombre de salariés et le temps de travail de chacun servent de variables d’ajustement au budget de chaque association .
La prise en charge par les dotations centralisées (Conseil général, APA notamment mais aussi sécurité sociale) s’effectue de manière forfaitaire homogène dans tout le département sans intégrer des variables aussi importantes que le degré de dépendance des bénéficiaires (GIR), la qualification des personnels ou la ruralité du secteur.
La Fédération gère de manière autoritaire les associations locales ( budget, finances, contrôle, décisions…) sans tenir compte des spécificités de chacune d’elles.
Cela se traduit par un abandon progressif de la notion de solidarité entre associations (péréquation) incombant à la Fédération qui permettait de rééquilibrer les comptes par l’indemnisation des contraintes pesant sur les associations les plus rurales avec un taux de dépendance plus élevé et donc une meilleure qualification requise du personnel.
Certes, la structure associative permet un lien social important localement, mais elle rend difficile la gestion de milliers de salariés par des bénévoles, qui malgré leur motivation et leur engagement n’ont pas toujours les compétences requises.
Ces bénévoles n’ont pas les moyens de solliciter l’aide de techniciens extérieurs, les ressources nécessaires étant confisquées par la Fédération ou mises sous le boisseau par des associations locales structurellement excédentaires refusant le principe de péréquation que l’autonomie budgétaire voulue par le Conseil général, ne permet plus de leur imposer.
A noter que parfois les enjeux de pouvoir ne sont pas en lien avec les objectifs d’une association.
Malgré un budget important, l’ADMR connaît une situation financière catastrophique.
Plusieurs réorganisations ont été tentées ces dernières années, en vain. On constate que des flux financiers particulièrement opaques, avec en particulier des jeux d’écriture, se substituent à des actifs bien réels apparemment consommés sans titre.
De plus, les conflits de pouvoirs sont nombreux, importants, profonds. L’échelon fédéral joue l’opacité, la montre, la tour d’ivoire. Il y a donc une réflexion de fond à avoir sur les évolutions de l’ADMR.
Malheureusement, le CA de l’ADMR le refuse et n’est pas dans l’écoute des pistes proposées par les associations locales, les bénévoles, les organisations syndicales et représentants des personnels.
Pierre Maille et le Conseil Général du Finistère (qui est le financeur) ne veulent semble-t-il, pas y mettre leur nez malgré les demandes des organisations syndicales de l’ADMR et de nombreuses associations locales.
L’aide à domicile a certes été victime des réformes fiscales affectant les collectivités locales – puisque la diminution de ressources du Conseil général a nui à sa capacité de réponse aux besoins, alors que le transfert de ressources du département vers les communautés de communes n’a pas aidé, la compétence sociale étant rarement communautaire.
Cependant, au-delà des problèmes de financement, il y a un véritable désengagement politique du Conseil général, qui semble se laver les mains de la déchéance d’une Fédération qu’il porte pourtant à bout de bras depuis pas mal d’années.
On peut craindre une évolution vers la privatisation des services aux personnes : Le secteur privé lorgne sur la question de la dépendance des personnes âgées et se développe sur la base d’un paiement par le Conseil Général des prestations en choisissant les zones rentables (urbaines et péri-urbaines) avec des conditions de travail et de rémunération moins favorables aux salarié(e)s.
Ces personnels salariés, aujourd’hui en lutte, attendent une véritable concertation qui leur permettrait de mettre sur la table les problèmes auxquels ils se trouvent dramatiquement confrontés pour eux mêmes et pour les usagers en souffrance.
L’ADMR est une drôle de structure ayant des liens avec des filiales privées gérées par certains membres (bénévoles) de l’union nationale… enfin bref, un vrai sac de noeuds dans lequel il faudrait trancher…
Le Programme du Front de Gauche prévoit la défense «d’une vraie protection sociale».
Ceci passe par le réexamen critique des conditions de fonctionnement des dispositifs d’aide au maintien à domicile qui doivent appliquer les principes de la Sécurité Sociale pour mériter un financement public et pouvoir compter sur ce financement à la pleine mesure des engagements demandés.
Ces principes de Sécurité Sociale, trop souvent bafoués dans le cadre de la gestion de l’ADMR 29, incluent la gestion démocratique dans un cadre public, la transparence financière, le respect des personnels et bien entendu la pleine reconnaissance et la garantie des droits des bénéficiaires à hauteur des besoins, quel que soit leur lieu de résidence.
Le maintien à domicile, bien sur ! L’Humain d’Abord !
source:
http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/article-admr-tenter-d-y-voir-clair-98424159.html